Fille de l'eau

C'est un surnom un peu cucu-la-praline, je vous l'accorde. Alors pourquoi ce thème?

Je suis originaire de la Guadeloupe, île dont le nom originel est Karukera, et signifie, "l'île aux belles eaux". C'est donc un moyen de rendre hommage à mon île natale que je porte dans mon coeur.

L'eau, c'est également le symbole de la vie. Demandez à n'importe qui ce qu'il souhaite par forte chaleur, il ne vous répondra pas "de l'argent", mais "un verre d'or bleu". Normal, il s'agit de la molécule la plus présente dans notre corps (environ 70%).

Cette dernière remarque me rappelle une certaine balance... Il fut un temps, où, dans l'optique de perdre de la "masse corporelle", j''avais acheté une balance ultrasophistiquée, capable de calculer le pourcentage de masse grasse. Toute contente de ma dernière trouvaille, je m'empresse de la faire tester à mon doudou et sa famille. ¨Pas de soucis, tout fonctionne, la balance délivre son avis pour chacun... Jusqu'à ce que, bien évidemment, je le lui demande en ce qui me concerne. Et là, le compteur s'affole et elle clignote "Error, Error, Error". Je descend, remonte, "Error, Error, Error". Le feu au joue, je consulte la notice. Je tombe sur la case, personne dont le pourcentage de masse grasse est trop élevé. Merci! Et bonjour l'estime de soi!

En tout cas; c'est bel et bien du passé, car cette balance a fini sa vie... à l'eau. Plus qu'un jeu de mots, elle a été rendue hors service par une inondation (l'eau avait atteint 20 cm). L'eau a vengé sa fille, et oui.

Pour finir sur ma nature aquatique -eh non, je ne suis pas une sirène-, je dirais que c'est élément dans lequel je me sens bien, qui relaxe, zen.. Oubli du poids du corps, bruits des vagues qui bercent, chant de cascades qui détend... Je dirai même que c'est un élément qui rappelle à l'essentiel.

Preuve en est de mon expérience à la piscine.C'était l'été de mes 13ans, et j'étais déjà en guerre avec mon corps. Je me percevais comme une grosse vache dans le paysage Suisse. Il faisait chaud, et j'avais laissé soeur et neveu barboter dans le petit bassin, pour rejoindre le "grand"(quelle mouche m'a piquée?). Je me suis dirigée vers le plongeoir d'où d'autres ados s'amusaient à faire de magnifiques plongeons. Sautoir d'1m, et sautoir de 3m.Bien sûr, Voyons "gros"! Et j'ai fait la queue dans l'escalier métallique. C'est un escalier spécial, il emprisonne avec ses gardecorps, on ne peut qu'avancer dans une direction... Car quand j'ai vu rectangle bleu et cîme de sapin, j'aurais aimé pouvoir faire demi tour! Mais pas possible de redescendre à travers la file d'attente dans un escalier aussi  exigü. J'ai fermé les yeux, et me suis laisser tomber dans l'eau.

J'ai su le moment de ma rencontre avec ce superbe élément, au bruit (splaaaaaaash) et à la danse de mes cuisses gélatineuses qui venaient de faire un plat. Dans mon élan, le feu aux cuisses, je touche  le fond de la piscine (3m de profondeur). J'ouvre les yeux. Je suis entourée d'un toubillon de bulles.Tout se passe au ralenti. Je marche au fond de l'eau. Je regarde la surface d'en bas.

Elle est loin, inatteignable.

Malgré la douleur aux membres inférieurs, j'essaie de nager dans cette direction. Je n'ai plus d'air. Je vais me noyer? Personne pour m'aider? Il me reste encore 1m à parcourir pour parvenir à la surface. Je n'y arriverais jamais...Et là, müe par une force que j'ignorais, par petits coups de pieds, j'y suis arrivée. J'ai enfin pu respirer.

Personne ne s'est douté de ce qui m'était arrivée. Tous rigolaient en pensant au bruit de mon entrée mémorable dans l'eau, qui avait retentit et fait écho! J'ai souri, et j'ai caché à quel point mon estime de moi-même était blessée. Mais je n'oublierais jamais cette sensation. Et mon credo deviendra des années plus tard, "quand on touche le fond, c'est pour donner un coup de pied pour remonter".

Je suis donc, à tous point de vue, une fille de l'eau.